Ce qu'une RH ne vous dira pas à propos... de vos finances personnelles !

La saison des REER est à nos portes ! Vous verrez ressortir de multiples gourous de la saine gestion financière, des trucs miracles pour être indépendant financièrement et des statistiques alarmantes sur le taux d’endettement des Québécois.

C’est aussi un bon moment pour vous dire tout haut ce que nous, RH, pensons parfois tout bas.

En tant que Ressources Humaines, notre bureau est le théâtre de multiples drames de toutes sortes et ce, à tout moment de l’année. Les congédiements vous viendront rapidement en tête, mais il y en a d’autres.

Des maladies graves imprévues, des divorces, des papiers mal remplis ou non remis, des augmentations de salaire non accordées, des deuils, des faillites, des pensions alimentaires… on les voit tous !

Comprenez-nous bien : oui, il y a des augmentations de salaire qui sont méritées et des pertes d’emploi qui n’ont pas lieu d’être. Mais il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle, malheureusement.

De plus, ce que nous constatons, c’est que beaucoup des conséquences de ces drames auraient pu être atténuées si la gestion financière personnelle avait été mieux ficelée. Voici donc, à titre gracieux, ce qui nous brûle les lèvres lorsque de telles situations se déroulent dans notre bureau.

  • La sécurité d’emploi est un mythe : même avec vos 20 ans d’expérience, dont 15 ans dans votre présente compagnie, vous n’êtes pas à l’abri d’une restructuration, faillite, changements technologiques, changement de direction, déménagement, etc. Avec la révolution du marché du travail qui arrive (25% des emplois d’aujourd’hui sont appelés à disparaître), accrochez-vous à vos caps d’acier, ça s’annonce très houleux.

Photo de Pixabay sur Pexels.com

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  • La première préoccupation suite à l’annonce d’une perte d’emploi, une fois le choc passé, ce sont les paiements : «Je viens de m’acheter une maison !», «Comment vais-je faire pour payer mon auto !». Référez-vous au point 1… pour cette raison, vous ne devriez jamais bloquer la totalité de votre salaire sur des paiements récurrents.

  • On entend souvent qu’on devrait avoir un coussin financier équivalent à 2-3 mois de revenus. Ce n’est pas superflu ! Le chômage, ce n’est pas automatique : ça peut être long et ce n’est pas toujours sûr que vous l’aurez.

  • Les augmentations de salaire… de un, ce n’est pas nous qui décidons. De deux, nous dire que vous méritez une augmentation de salaire parce que vous n’arrivez pas dans votre budget… on partage le même stationnement que vous. On l’a vu, votre pick-up de l’année…

  • Non, une augmentation de salaire ou une avance de paie ne résoudra pas vos problèmes : ça va vous soulager temporairement, c’est tout. Mais ça aurait été bien de se poser la question avant d’aller à Aruba, l’automne passé. C’est vrai que ça que ça fait tellement du bien, une semaine dans le Sud. Mais tant qu’à être stressé le reste de l’année pour la payer…

  • Oui, on a vu des congés de maladie ou des congés de maternité écourtés pour «manque de fonds». Et ça nous fend le cœur.

  • On a vu des gens s’effondrer en larmes pour des erreurs de paie. Les paiements récurrents minent votre santé mentale et votre liberté.

Photo de Daniel Reche sur Pexels.com

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  • Dans chaque milieu de travail, il y a toujours au moins une personne qui déteste son travail mais qui reste juste pour la paie. Ou pire, le fond de retraite. Ça aussi, ça mine l’ambiance.

  • Vous passez à côté de quelque chose en ne participant pas à votre régime de retraite. Depuis le 3 décembre 2013, une entreprise comptant plus de 5 travailleurs est obligée d’offrir un Régime volontaire d’épargne-retraite (RVER). De plus, certains employeurs cotisent un pourcentage des sommes mises par leurs employés. Profitez-en : vous laissez de l’argent sur la table !

  • Des travailleurs vieillissants, qui n’ont pas les moyens de prendre leur retraite et qui peinent à suivre le rythme, on voit ça aussi. C’est important de planifier sa retraite, en terme de montants et de véhicules d’épargne qui vous conviennent.

  • Vous sous-utilisez votre programme d’aide aux employés (PAE) : il y a de magnifiques ressources offertes. Elles sont gratuites et surtout, confidentielles. Saviez-vous que vous pouviez avoir accès à des séances de psychologue, de nutritionniste ou de coach familial ? Posez les questions : c’est votre sécurité financière qui est en jeu.

Employeurs, ça ne vous touche pas ? Erreur !

  • Les employés en mauvaise santé financière sont absents de 1,3 à 3 jours de plus par année.

  • Le salaire est évoqué par 30% des employés comme raison première de quitter un emploi. Ce n’est toutefois pas la seule ! En contexte de pénurie de main-d’œuvre, sachez reconnaître où mettre les meilleurs investissements, car votre compétition le fera !

Que fait-on ?

Employeurs:

Photo de rawpixel.com sur Pexels.com

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  • Dans le cadre de votre programme santé et mieux-être, il devrait toujours y avoir une portion «Santé financière» : Budget 101, le fonctionnement du crédit, les placements, la préparation à la retraite. Ça aussi, ça soulage le stress et améliore la santé globale !

  • «Profitez des avantages sociaux que vous offrez pour positionner et transmettre vos valeurs d’entreprise», dit Jimmy Côté, conseiller en avantages sociaux et rentes collectives chez Lussier Dale Parizeau, «en faisant le lien entre ce que vous offrez et les raisons pour lesquelles vous l’offrez. Par exemple, la sécurité financière de vos employés vous tenant à cœur, expliquez-leur que pour vous, leur offrir un bon régime d’assurance salaire est une priorité afin de permettre à l’employé qui aurait des problèmes de santé de prendre le temps dont il aurait besoin pour se remettre sur pied, sans craindre pour son avenir financier et celui de sa famille. C’est le même régime, mais communiqué de la sorte, ça parle beaucoup plus aux employés !»

  • Révisez votre offre de rémunération globale périodiquement et publicisez vos avantages sociaux : c’est votre «avantage employeur» qui est en jeu.

  • «Si vous offrez un régime d’épargne-retraite collectif, n’hésitez pas à commander le rapport de révision annuel de régime pour voir qui a ou n’a pas complété son objectif de retraite personnel sur le site de votre fournisseur», suggère également M. Côté. «Avec cette information en main, vous pourrez rencontrer les employés qui n’ont pas encore complété leur objectif de retraite afin de les encourager à le faire et du même coup, réitérer le fait que l’entreprise a à cœur la santé financière des ses employés et c’est pour cette raison qu’elle offre un régime de retraite ainsi qu’une contribution. Il n’y a aucun coût supplémentaire, mais beaucoup de valeur ajoutée à bonifier vos pratiques de suivi

  • «Offrez de répartir l’augmentation de salaire», ajoute M. Côté. On le sait tous, aussitôt accordée, l’augmentation de salaire est déjà dépensée. Si vous offrez une augmentation de salaire de 2,5% cette année, il s’agit d’une belle occasion pour demander à l’employé s’il désire augmenter sa contribution à son régime d’épargne-retraite. Au lieu de s’accorder l’augmentation de 2,5%, l’employé pourrait prendre 1,5% en augmentation de salaire et augmenter sa participation de 1% dans son régime. En procédant ainsi d’année en année, l’actif des employés croîtra à une belle vitesse et vous permettra de mieux planifier vos départs à la retraite. Tout le monde y gagne !

Employés,

  • Prenez soin de vos finances : plein de ressources existent sur le marché (ou dans votre PAE) pour vous y aider.

  • On peut être tenté de mettre nos déboires sur le compte du salaire qu’on perçoit comme trop bas. Avez-vous fait l’exercice de vous comparer au marché ?

  • «Dans la même veine, utilisez les ressources du régime de retraite mises à votre disposition par votre employeur pour planifier votre retraite», vous suggère M. Côté. «En quelques clics, vous pourrez faire différents scénarios afin d’établir un objectif de retraite réaliste et qui tiendra compte des prestations gouvernementales auxquelles vous aurez droit une fois le moment venu. C’est fou comme on dort mieux avec un plan de retraite bien établi !»

Photo de rawpixel.com sur Pexels.com

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  • «Vous voulez une autre bonne raison pour cotiser dans votre régime de retraite collectif plutôt que dans un REER individuel ? Les frais de gestion ! En tant qu’investisseur, vous assumez des frais de gestion à même vos rendements. Plus ils sont élevés, moins il en reste dans vos poches, c’est logique!», souligne M. Côté. «Saviez-vous qu’en moyenne, les frais de gestion pour un fonds d’actions canadiennes sont environ 2,25% alors qu’ils peuvent facilement être moins chers de 25% à 50% et même plus dans un régime collectif. Sur 25 ans, on parle d’une année de salaire complète perdue en frais de gestion. Avez-vous vraiment les moyens de passer à côté de ça ?»

Le mot de la fin est laissé à Mme Barbara Demers, spécialiste en éducation financière.

«Plusieurs employés ont des problèmes financiers et ne savent pas comment les régler. Ils cherchent des solutions et ne savent pas où les trouver. Ce n’est pas un manque de bonne volonté.

L’employeur est la personne la mieux placée pour aider ses employés en offrant de l’aide personnalisée et des formations sur la bonne gestion des finances personnelles.

En le faisant, l’employeur contribue à diminuer ses coûts d’absentéisme et de présentéisme, sans parler des coûts d’assurances collectives. Un employé heureux financièrement est un employé plus productif !»

Mon nom est Marie-Eve Champagne, je suis spécialiste en Santé Sécurité Mieux-Etre au travail et j'aide les gens à mieux travailler depuis plus de 12 ans.

Mes collaborateurs:

M. Jimmy Côté, CRHA et CAAS, est conseiller en avantages sociaux et rentes collectives depuis plus de 11 ans chez Dale Lussier Parizeau. Il aide les PME à mettre en place une offre d’avantages sociaux alignée sur leur stratégie de rémunération globale, aux conditions financières les plus avantageuses du marché à court et à long terme. Connectez-vous à lui par LinkedIn.

Mme Barbara Demers est spécialiste en éducation financière. Elle a été conseillère en placement durant plus de 20 ans. C’est en 2015 qu’elle décide de tout quitter pour faire ce qui correspondait vraiment à ses valeurs : éduquer les gens avec leurs finances personnelles et leurs placements. Elle a fondé l’Académie des finances personnelles, une école spécialisée dans l’enseignement du budget et des placements, qui offre des formations auprès des particuliers, en entreprise et auprès des conseillers financiers. Rendez-vous sur son site web ainsi que sur son profil LinkedIn.